Aujourd’hui,
je vous présente un roman lu grâce à l’enseigne Cultura. En bref, à chaque
rentrée littéraire, Cultura met en avant 5 ou 6 « Talents à
découvrir ». Cette année, comme depuis deux ans, je suis conviée à Paris pour la remise des prix. Je les en remercie chaleureusement de m'offrir cette opportunité
Avant que naisse la forêt m’a beaucoup
attiré. Son titre m'a interpellé mais aussi son résumé : la mort d’une mère est
un sujet qui m’interroge, qui m’intrigue. Comment les personnages parviennent
à surmonter la mort de celle à qui nous devons tout ? Et comment chacun
réagit face à cette tragédie ?
L’histoire
commence un jeudi matin, Albert et sa femme sont encore au lit lorsque le
téléphone sonne. Il ne répond pas, sa tante lui laisse un message : « Ta mère est morte. ». S’en suit alors toutes les formalités et la crémation. Mais Albert ne parvient pas à la laisser partir. A chaque instant, qu'importe la pièce où il se trouve, il porte sur lui l'urne de sa mère. En étant sur
place, Albert pense que ce sera plus simple. Alors il reste en Mayenne, dans la
maison de son enfance. Mais sa tante, qui est restée 15 ans ici, le prévient :
« … essaie de ne pas faire pareil ! ». Que cache cette maison,
cette forêt ? Qui est cet ermite ? Quels sont les bruits qu’il entend
à la nuit tombée ?
Je suis tout
de suite entrée dans l’histoire grâce à l’écriture de l’auteur tout d’abord
mais aussi grâce aux chapitres courts qui nous donnent envie d’en lire un de
plus. Vous connaissez le syndrome « Allez, encore un et au lit ! » ?
Les pages filent et la trame devient de plus en plus intrigante !
Albert, comme intermédiaire nous raconte l’histoire de sa mère et nous finissons par la
connaitre comme si nous l’avions rencontrée. Il nous dépeint aussi son
enfance et ses instants passés dans cette maison.
La véritable
quête d’Albert, celle qui le pousse à rester en Mayenne est de trouver une
musique pour l’enterrement de sa mère. La musique qui la représente le mieux et
pour cela il doit écouter les vieux vinyles, fouiller les pièces et les
placards et retourner à l’état primitif. Il ne fume plus, il mange ce que la
nature lui offre et finit par vivre dans un lieu vidé de tout surplus.
La maison
devient un personnage omniprésent tout comme la forêt qui occupe une place très
importante dans ce roman. L’auteur la décrit si bien que nous avons l’impression
d’y être, d’entendre les feuilles craquer sous nos pas, de sentir l’odeur de l’humus,
de voir le vent filer entre les branches. Vous vous en doutez, ce fut une
lecture idéale pour se préparer à l’arrivée de l’automne. La nature reprend ses
droits. Sur la forêt mais aussi sur l’homme que devient Albert.
La référence
littéraire la plus présente dans ce roman est la madeleine de Proust. A chaque
son entendu et à chaque pas franchit dans les pièces où plus personne n’allait,
Albert retrouve un souvenir.
« En divaguant, j’ai posé mon regard sur le yucca près de la baie vitrée. C’est une vieille plante grasse qui subsiste de notre vie parisienne (…) J’ai fermé à demi les paupières et l’instant d’après, mon esprit s’est mis en route comme s’il quittait mon enveloppe charnelle. Je pouvais respirer les odeurs de moquette, de l’appartement et entendre les voitures dans la rue de Naples (…) »
Ce sont sans
cesse des souvenirs qui lui reviennent et ce roman est un quasi monologue du
début à la fin. Et pourtant, je ne me suis pas ennuyée une seconde. L’auteur m’a
fait réfléchir sur la perte d’un être cher. La difficulté, le refus de dire au
revoir et l’apprentissage de soi-même.
Une sublime
découverte de cette rentrée littéraire !
Jérôme CHANTREAU, Avant que naisse la forêt, 2016, Ed. Les Escales, 224p.
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