L’Absente de Lionel Duroy est un roman de la rentrée littéraire 2016 que je souhaitai véritablement lire tant j’avais adoré Échapper de ce même auteur. L’absente, c’est la mère, celle qu’Augustin – le narrateur, déteste tant. Cette femme qu’il traite d’idiote et qu’il prend pour une folle. Arrivera-t-il enfin à comprendre le comportement de sa mère ? Saura-t-il se réconcilier avec cette partie de lui-même ?
Augustin,
fraîchement divorcé doit vendre sa maison mais il ne peut se résigner à se
séparer de certains souvenirs. Il remplit donc sa voiture de son passé et file
sur les routes pour tenter de se retrouver, de retrouver qui il est vraiment et
surtout pour écrire un livre. Celui qui serait une consécration, celui sur sa
mère. Il voyage de Verdun à Bordeaux, en passant par la Bretagne ; en
voiture, à pieds ou à vélo.
Commençons
par énumérer ce qui m’a agacé dans ce livre : les lamentations
continuelles d’Augustin et ses monologues qui tournent en rond et qui n’en
finissent pas. Sa solitude le pousse à réfléchir, à se poser des questions
et à se plaindre mais c’était bien souvent beaucoup trop. Ce point que je
considère comme négatif (et qui pourra plaire à d’autres) a vraiment ralenti ma
lecture, me l’a rendu aigre et m’a empêché de vraiment entrer dans l’histoire. Augustin
commençait vraiment à me taper sur les nerfs. Heureusement Lionel Duroy a su
s’arrêter au moment où j’étais prête à abandonner.
J'ai beaucoup aimé les réflexions sur le statut d'auteur et les difficultés à écrire. Écrire pour soi, écrire pour les autres ? Écrire une fiction, écrire une autobiographie ? Parce qu'écrire ce n'est pas simplement coucher des mots sur une feuille blanche. C'est aussi apprendre sur soi-même et sur les autres. Et ce voyage d'écriture est une véritable psychanalyse
puisqu’à travers ses recherches - qu'il mène pour comprendre sa mère, Augustin parvient à la comprendre.
- Comment ça, vous ne savez pas ? Vous savez bien ce que vous écrivez ! (...)
- Des choses sur la vie avait rétorqué Augustin. Des choses que nous portons tous plus ou moins en nous mais que nous ne parvenons pas à exprimer. Des choses que nous préférerions taire, aussi parfois. (p.137)
Ce
roman est constitué d’incessants flashbacks et retours en arrière dans sa vie
d’enfant et d’adolescent mais aussi et surtout dans la vie de Suzanne et Théophile
dit « Toto », ses parents. Les masques tombent. Serait-ce un secret de famille qui se cache
sous l’aigreur de la mère ? Et que cache cette photographie ? Au
moment où il commence à se retrouver à travers sa mère, l’écriture change
complètement, ça devient intéressant et haletant. Ce qui m’a beaucoup plu ce
sont ses nombreuses rencontres (jusqu’à la femme à laquelle il s’attachera véritablement
?) et ses nombreux lieux où il dort et cherche des réponses. Malgré les
longueurs, l’auteur nous tient en haleine ; surtout dans les dernières
cent pages : je n’arrivais pas à m’arrêter, je relisais pour bien
comprendre et j’avais la respiration rapide. Jusqu’au dernier mot.
Finalement, ce roman est une réussite même s’il m’a beaucoup moins plu qu’Échapper (à lire ABSOLUMENT !). Il faut passer au dessus de ses plaintes constantes pour arriver à la fin qui est d’une beauté incroyable. Le tout avec, comme toile de fond les deux guerres mondiales.
Lionel DUROY, L'Absente, 2016, Julliard, 352p.
D'accord avec cette analyse, on fait du sur place au début, pourtant on continue de lire et lorsque Augustin décide de partir vers Bordeaux, passe à l'action en "infiltrant" le château de son enfance, Lionel Duroy nous embarque à nouveau... Et cette réconciliation avec sa mère est vraiment inattendue mais tout à fait bienvenue !
RépondreSupprimerEsperluette