Résumé : "Il fallait un grand art, un art hors du commun, pour fourbir tout un
roman sans ça." "Ça", comprenez ce "rond pas tout à fait clos finissant
par un trait horizontal". Il fallait substituer, combiner sans trêve et
sans faillir, sans céder à la ronde tentation d'utiliser... la lettre
"e" ! "Mais pourquoi donc ?", s'exclament les sceptiques et les
désabusés. Et Perec de citer un obscur Ramun Quayno : "L'on n'inscrit
pas pour assombrir la population." "Qui frappe-t-on d'omission ?",
demandent les offusqués et les inquisiteurs ?
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Dans
le cadre de mon challenge Lisons les auteurs oulipiens, j’ai lu ce roman mais, en vérité c’est surtout dans le cadre de
mon cours Vie littéraire au XXème siècle. Je souhaitais lire ce livre depuis
quelques années maintenant et lorsque j’ai su que j’en avais l’opportunité, je
l’ai saisie. Ce ne fut pas aussi concluant que ce que je m’étais imaginé.
L’histoire
est celle d’une disparition : Anton Voyl.
Mais est-ce vraiment une disparition ? Ou plutôt un rapt ? Un
suicide ? Que signifie cette lettre au post-scriptum étrange qui brouille
les pistes plus qu’autre chose ? Ses amis ne le savent pas et c’est en
cherchant la cause qu’ils vont déterrer le passé. Un passé bien sombre !
Un genre d'histoire que je suis loin d'avoir l'habitude de lire et que j'ai beaucoup appréciée. J'ai pris beaucoup de plaisir à chercher en même temps que les personnages, pour comprendre où l'auteur voulait arriver. Le côté ludique m'a beaucoup plu et stimulé : lors de mots difficiles ou hors du commun, je cherchais toujours ce qu'il aurait pu écrire si cette contrainte n'était pas là. Et puis, le fil se déroule et se démêle...
Ce
roman est un exploit d’intelligence. J’en ai conscience ! Georges Perec
prouve, avec ce roman (le premier écrit après sa cooptation à l’OuLiPo) qu’il
est fort, qu’il est très fort. Cette contrainte : écrire sans la lettre « e »
pendant 300 pages ne lui fait pas peur et il le montre !
L’histoire ne
va pas sans l’écriture. C’est un livre qui parle de lui-même. La disparition de
la lettre « e » et la disparition d’un personnage. Sans la lettre « e »
beaucoup de mots de la langue française disparaissent et c’est là que ça
devient intéressant et difficile en même temps. L’auteur est obligé d’utiliser
des synonymes plus ou moins connus ; il fait
beaucoup d’inventaires de mots qui signifient tous la même chose. Ils
brouillent la lecture et la rendent ardue.
Je ne sais pas
comment dire ce que j’ai ressenti lors de ma découverte livresque : j’ai
eu la sensation d’un livre divertissant et loufoque et en même temps très
difficile à cerner et à suivre. Je suis ressortie épuisée de cette lecture. J’ai
été subjuguée par le vocabulaire foisonnant de l’auteur et j’ai en même temps eu l’impression
qu’il en faisait trop. Je n’avais très certainement pas la force, au moment où
je l’ai lu pour une lecture qui demandait beaucoup de concentration (période de
rush, d’examens, de fatigue mentale et la grippe). Je n’ai certainement pas su
apprécier ce roman et cet auteur à sa juste valeur puisque je n’en garde pas
un souvenir très positif mais je n’abandonne pas et je retenterai ma chance.
Points positifs :
- La prouesse littéraire de Georges Perec
- L'ambiance loufoque
- Une intrigue parfaitement ficelée
- Une écriture qui m'en a demandé trop au vu que ma santé
- Des listes / des inventaires interminables
Je connais bien ce roman, quoique je ne l'ai jamais lu! C'est vrai que je suis tentée juste pour cette mystérieuse contrainte, alors je pense bien lui laisser sa chance un de ces jours :)
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